13/06/2016

Des systèmes défensifs allemands au nord de la Caverne du Dragon


Responsable d’opération : Gilles Desplanque
Aménageur : Département de l’Aisne
Nature des vestiges : aménagements militaires

Préalablement aux travaux d’extension du parking de la Caverne du dragon, une fouille réalisée en septembre-octobre 2015 a permis de mettre au jour un ensemble de vestiges en lien avec la Première Guerre mondiale sur une surface de près de 3 000 m². L’emprise, située au niveau de l’isthme d’Hurtebise – une zone très étroite du plateau du Chemin des Dames – est localisée entre les 1e et 2e lignes de tranchées allemandes. Ce terrain, par ailleurs, se situe au dessus des carrières souterraines médiévales et modernes, largement exploitées par les Allemands et les Français au cours du conflit.

Des aménagements absents des cartes militaires

Malgré une documentation abondante, les vestiges, dans un état de conservation insoupçonné, sont demeurés, pour certains, inconnus des cartes militaires. Outre de nombreux impacts d’obus et quelques boyaux, à ciel ouvert ou souterrains, assurant la communication entre les différentes lignes de tranchées allemandes, les vestiges consistent en des aménagements défensifs assurant, d’une part, l’observation des positions françaises, et d’autre part, la défense des positions allemandes situées à l’arrière.

Des systèmes défensifs allemands remarquables

Un poste d’observation

Un boyau enterré et bétonné a été mis au jour. Ce dernier, surmonté de plaques de fonte, accueillait un ou deux observateurs qui, en toute discrétion, indiquaient les positions françaises que devait pilonner l’artillerie allemande, située à l’arrière. A ce titre, la fouille a permis de découvrir les câbles téléphoniques et électriques qui assuraient une liaison permanente avec les artilleurs allemands. Une carte réalisée par le 12e Régiment d’Infanterie bavarois signale, à cet emplacement, la présence d’un Beobachtungs-Abteilungen (A.B.), c’est à dire d’une « unité d’observation ».

Un poste d’artillerie

Dans l’angle nord-ouest de l’emprise, un abri complexe faisant appel à des techniques architecturales variées est relié à la tranchée de 2e ligne. Il s’agit d’un poste d’artillerie allemand. Une première pièce semi-enterrée, dont les murs sont maçonnés de dallettes en calcaire extraites sur place, présente un plan carré. Dans cet espace ont été découverts plusieurs des bouteilles en verre, ainsi qu’un poêle pour se chauffer. La pièce suivante, allongée, construite en béton armé, était probablement destinée au stockage de matériel. Enfin, un appendice souterrain constitue l’extrémité sud de cet abri.

La mise en évidence d’une liaison entre les aménagements de surface et la carrière

L’opération de fouille a par ailleurs permis de dégager, en surface, un départ de galerie communiquant avec le réseau de la carrière souterraine. Notée « sortie D » sur un plan français, cette ouverture correspond à un aménagement soigné réalisé par l’armée française quand cette dernière reprend cette partie du territoire.